L'architecture

L'église Notre-Dame est un édifice entièrement de style roman mais très remanié au cours des siècles.

Les travées 2 et 3 sont les seuls vestiges de l'édifice du X° siècle. Elles sont séparées par des pilastres flanqués de quarts de colonnes engagés et surmontés de frises-chapiteaux très finement décorés.

Les murs latéraux, massifs, dont on remarquera le dévers, sont ornés d'arcs de décharge à double rouleau, très larges et pas très haut. Cette nef romane, en voûte d'arêtes nervurées, se prolonge par une travée de chœur.

Se substituant très vraisemblablement au sanctuaire du X°, le chœur actuel, composé d'une abside pentagonale flanquée d'absidioles également pentagonales, précédées de petits croisillons réunis par un passage assez étroit à la travée de chœur, correspond à une extension du monument réalisée dans la première moitié du XIII° siècle.

L'abside centrale, éclairée par trois baies qui s'ouvrent sur une arcature de plein cintre, est couverte d'une voûte d'arêtes dont les nervures, rayonnant autour d'une clef ornée de l'Agneau Pascal, prennent appui sur des colonnettes aux fûts lissés ou nervurés ornés d'une bague.

Les bas-côtés, ainsi que la première travée de la nef bien que du XVII° siècle, sont également couverts d'une voûte d'arêtes nervurées ; à gauche les clefs de voûte sont remplacées par de petits vitraux du XIX° siècle.

Sarcophage de « l'Anastasis »*

L'autel majeur est un sarcophage paléochrétien en marbre de Carrare. C'est une œuvre des ateliers d'Arles (fin IV° ou début du V° siècle) sur laquelle sont représentés, en haut relief, sous la voûte céleste suggérée par des étoiles, les Apôtres faisant le geste d'acclamation vers le signe de la Résurrection, la croix de « l'Anastasis ».

Cette croix, surmontée du chrisme dans une couronne à lemnisques, a disparu lors de la restauration du tombeau (sous prétexte qu'elle n'était pas d'origine !). De part et d'autre de son emplacement : le soleil et la lune; à ses pieds, deux soldats gardiens de sépulcre.

Sur la face latérale gauche, le péché originel : Adam et Eve au jardin d'Éden.

Sur la face droite : trois Hébreux ayant refusé d'adorer la statue d'or de Nabuchodonosor, sont jetés dans la fournaise ; ils y chantent, n'y brûlent pas ; le roi reconnaît alors " qu'il n'y a pas d'autre Dieu qui puisse délivrer ainsi " (Livre du prophète Daniel, ch.3).

* Mot grec signifiant " résurrection, action de se relever ", utilisé pour dénommer le sanctuaire de la Résurrection abritant, à Jérusalem, le tombeau de Jésus-Christ.

Répartis des deux côtés de la croix, les douze apôtres élèvent leur bras droit dans un geste d’acclamation. Les deux soldats aujourd’hui supprimés (tout comme les autres restaurations) n’étaient pas assis, mais debout en miroir, comme les apôtres. Solennelle et éloignée de tout aspect narratif, la composition illustre le Triomphe de la Croix. Pas d’aigle pour emporter dans les airs le chrisme et sa couronne : ornée de lemnisques, la couronne est posée en haut de la croix comme un trophée de la Victoire, gardée par les deux soldats.

La Croix de pierre

La légende

Dans le courant du X° siècle, après la destruction de Manosque par les Sarrasins et le retour de certains habitants dans le bourg en ruines, un paysan labourait le terrain vague qui s'étendait à l'emplacement de la première église. Soudain ses bœufs s'immobilisent. L'homme pense qu'un buisson de ronces (roumi ou roumigié = roncier en provençal) qui se trouvait sur leur chemin les empêche d'avancer. Il y met le feu et le roncier détruit, recommence son travail. Les bœufs pénètrent au milieu des cendres et s'arrêtent de nouveau, se mettent à genoux, le museau contre terre. Le laboureur croit à un maléfice et alerte ses voisins qui décident de creuser à l'endroit où les bœufs s'étaient agenouillés. Ils découvrent un sarcophage en marbre blanc. Un prêtre appelé procède à l'ouverture du tombeau et y trouve, enveloppée d'étoffes précieuses, une très belle statue de la Vierge qui, de ce jour, porte le nom de Notre-Dame de Romigier.

La statue de Notre Dame

Elle mesure 71 centimètres de haut, 24 de large et 18 d'épaisseur. 

Elle est en bois d'aulne d'une seule pièce. Elle a été classée en 1948. C'est une vierge « en majesté », assise sur un trône ; elle tient son fils sur le genou gauche ; elle est vêtue d'une longue robe ornée d'une large bordure, d'une tunique et d'un manteau fermé d'une agrafe ronde. Sa tête est couverte et encadrée d'un voile court ; sa main gauche repose sur la cuisse de l'enfant, sa main droite a disparu. L'enfant est vêtu d'une robe longue et d'un manteau revenant sur les genoux et décoré d'un col à large bordure. L'ensemble présente un très net aspect hiératique.

Lors de sa restauration (1989-1993), elle a perdu sa couleur noire mais on a découvert des traces de polychromie sur ses vêtements. Les experts délégués par les Monuments Historiques l'ont datée du X° siècle.

Notre Dame de Romigier est l'une des plus anciennes vierges noires de France.

Sources

Textes :

Église Notre-Dame-de-Romigier de Manosque, https://fr.wikipedia.org/

Signalétique locale

Texte/Photo N&B :

Lune-soleil : thèmes chrétiens, https://artifexinopere.com/

Photos numériques :  2024