Saint-Gilles du Gard
Situé au Nord d'une agglomération antique identifiée avec la Rhodanousia grecque, le site médiéval de Saint-Gilles prend son essor à partir du XII° siècle grâce à la présence du monastère
bénédictin influent et prospère. Mentionnée dès 814, d'origine incertaine, l'abbaye doit sa grande renommée au pèlerinage du tombeau de son fondateur légendaire, invoqué pour la libération des
prisonniers, la guérison des infirmités et des maladies. Dans le même temps, la ville connaît une période de prospérité économique grâce au commerce, et devient une cité portuaire importante du
bassin méditerranéen. Les marchands, les voyageurs, les pèlerins en partance pour la Terre Sainte animent ce lieu fortifié et assurent la renommée du saint et de la ville, fief de Raymond de
Saint-Gilles, comte de Toulouse, l'un des chefs de la première croisade.
Dès le XII° siècle, Saint-Gilles devient le quatrième lieu de pèlerinage de la chrétienté médiévale après Rome, Jérusalem et Saint-Jacques de Compostelle.
L'Abbatiale (ou église haute)
Si les textes attestent qu'il existait trois églises anciennes, dont une renfermant le tombeau de saint Gilles - à son emplacement depuis le X° siècle -, l'abbatiale actuelle aurait été édifiée durant le dernier tiers du XII° siècle et achevée au XIII° siècle, grâce aux dons des nombreux pèlerins qui venaient déjà vénérer le saint.
Long de 95 mètres, large de 33 mètres à la façade, et de 40 mètres au transept ouvert sur un chœur à déambulatoire, cet édifice est bâti au-dessus d'une vaste église inférieure selon un plan
architectural rare dans la région, et à la dimension des grandes églises de pèlerinage. Au XVI° siècle, les violents conflits des guerres de religion vont considérablement l'endommager.
En 1650-1655, une réfection de l'édifice est entreprise sous une forme réduite, car les dégâts sont trop importants, les moyens financiers limités et le culte de saint Gilles est tombé dans
l'oubli. Si on délaisse et démonte le chœur et les restes du cloître, l'abbatiale actuelle demeure néanmoins un des chefs-d'œuvre les plus remarquables de son temps. L'abbatiale est classée
Monument Historique depuis 1840, et sa façade inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO, au titre d'étape sur les chemins de Saint-Jacques de Compostelle depuis 1998.
La façade de l'abbatiale
Construite au dernier tiers du XII° siècle, sur un soubassement élevé avec la crypte, la façade de l'abbatiale de Saint-Gilles du Gard est un véritable livre de pierre, destiné à enseigner et à sublimer le dogme catholique.
La finesse des sculptures, l'élégance des figures et du drapé des vêtements, la richesse des décors et l'ordonnance antiquisante de ses trois portails en font un joyau de l'art roman
bas-rhodanien, fortement inspiré de l'art monumental et funéraire romain, en relation avec les grands foyers artistiques de l'Italie du Nord à l'Aquitaine.
La crypte (ou église basse)
La vaste crypte s'étend sous la nef de l'église supérieure, emplacement inhabituel dû à la position du tombeau du saint auquel les moines pouvaient accéder par une porte donnant sur le cloître. Commencée au dernier tiers du XII° siècle, selon un projet modifié à plusieurs reprises au cours même du chantier, elle se distingue par le décor de ses voûtes sur croisée d'ogives et ses piliers d'inspiration antique.
La construction de l'église basse ou crypte débuta à la fin du XI° siècle. Longue de 50 mètres et large de 25, cette vaste église basse, divisée en trois nefs, peut recevoir les foules de pèlerins venant prier sur le tombeau de saint Gilles : elle renferme en effet le sarcophage du saint, redécouvert en 1865 par l’abbé Goubler. Elle est remarquable par l’architecture de ses voûtes.
Ce fut l’abbé Goubler qui déchiffra l'épitaphe du sarcophage en latin
"IN H(oc) T(u)M(u)L(o) Q(uiescit) C(orpus) B(eati) ÆGIDI(i)"
« Dans ce tombeau repose le corps du Bienheureux Gilles ».
L'Ancien chœur
Les ruines de l'ancien chœur, au chevet de l'actuelle église, offrent une perspective saisissante de ce que fut l’abbatiale du XII° au XVI° siècle : on peut notamment observer l’épaisseur des
murs d’époque ainsi que la structure des trois vaisseaux qui ont été brusquement « tronqués ». Cette impression de gigantisme s'accentue lorsque l'on sait que la longueur originale de l’abbaye
était de 98 mètres, contre moins de 50 aujourd’hui.
Dans l’abside, tout autour du très large déambulatoire semi-circulaire, l’on trouve cinq petites chapelles rayonnantes. Au centre du chœur se tient l’autel et la statue du pape Clément IV, natif
de Saint-Gilles, ajoutée tardivement.
L'Escalier en vis
Parfaitement conservé dans l’ancien chœur de l’abbatiale, cet escalier dit " Vis de Saint-Gilles" est un chef d’œuvre architectural de l’époque médiévale (XII° siècle). Près de la Vis demeurent, en élévation complète, un pilier roman au chapiteau orné d'un ange ailé ainsi que d'un demi-œil-de-bœuf inscrit dans le mur. Sur une autre face de cette élévation, présence d'un chapiteau remarquablement ouvragé représentant également un ange ailé.
Encore aujourd’hui, la Vis de Saint-Gilles demeure une étape incontournable pour les compagnons tailleurs de pierre.
Saint Gilles
- Vitrail (XIX° siècle)
Saint Gilles en abbé, tenant mitre et crosse, porté en assomption par deux anges. Inscription concernant Monsieur le Duc de Fitz-James, qui donna sans doute la verrière. Ses armoiries et sa
devise sont représentées.
Vers 1876, celui qui porte le titre de Duc est Edouard Antoine Sidoine de Fitz-James (1828-1906), 8° duc de Fitz-James. La famille descend du roi Jacques II Stuart mais est française dès le début
du XVIII° siècle.
Verrière signée par Frédéric Martin, maître verrier d'Avignon (campagnes de renouvellement des vitrages entre 1873 et 1876).
- Saint Gilles (Aegidius) est né à Athènes entre le VI° et le IX° siècle. Loué et admiré pour les nombreux miracles qu’il accomplit, il quitta son pays natal et aborda en Provence. Après avoir été accueilli à Arles, il se retira en ermite dans la vallée flavienne, où une biche le nourrit de son lait. Au cours d’une partie de chasse, alors qu’il tentait de protéger cet animal nourricier, il fut blessé à la main par une flèche décochée par un homme du roi wisigoth Flavius Wamba. Ce dernier, pour se racheter, fit bâtir en cet endroit une abbaye dont Gilles devint le premier abbé. A sa mort, son culte se répandit rapidement.
Anciennes Portes de la ville
Construite au début du XII° siècle, la Porte des Maréchaux (initialement Porte de Mazel) était l’une des sept portes qui permettaient d’accéder à l’intérieur de l’enceinte fortifiée de la ville. Elle fut par la suite intégrée à la nouvelle enceinte du XIV° siècle. Le nom de la Porte des Maréchaux lui fut donné au XIX° siècle en raison des nombreux ateliers et forges de maréchaux-ferrants qui occupaient le bas de la rue.
Matérialisant l’enceinte primitive, des vestiges de la Porte de la Blanque subsistent sur une largeur de 2,50 mètres environ et une hauteur de 3,60 mètres. Appareillée en pierres de taille de Beaucaire, la porte présentait un passage couvert en plein cintre vraisemblablement défendu par une herse, suivant le même principe et dispositif que la Porte de Mazel (aujourd'hui, Porte des Maréchaux).
Sources
Textes :
Église abbatiale de Saint-Gilles du Gard, fr.wikipedia.org
Qui est saint Gilles ?, lepelerin.com
Saint-Gilles (Gard) - Secteur sauvegardé - Rapport de présentation, Direction Régionale des Affaires
Culturelles de Languedoc Roussillon, 2015
Verrières de l'église haute de Saint-Gilles, inventaire.patrimoines.laregion.fr
Plan :
L'abbatiale de Saint-Gilles - Notice de visite locale, Office de Tourisme de Saint-Gilles, 2011
Photos numériques : 2023