L'abbaye Sainte-Marie de Souillac est une ancienne abbaye bénédictine située à Souillac dans le département du Lot.
Lorsque les Bénédictins s'installent dans la plaine de Souillès - ainsi nommée d'un mot local « souilh » signifiant lieu boueux et marécageux -, ils remplacent une communauté fondée, d'après la tradition, par Saint Éloi. Les moines assèchent sans relâche et transforment le marécage en un riche domaine.
Plusieurs fois ruinée et saccagée pendant la guerre de Cent Ans, l'abbaye se relève grâce à la ténacité des abbés, mais les guerres de Religion lui causent des dommages encore plus grands.
Reconstruite au XV° siècle et rattachée alors à la Congrégation de Saint-Maur, l'abbaye cesse d'exister à la Révolution, ses bâtiments étant transformés en magasin de tabacs.
La tradition attribue à Saint Eloi la création d'un monastère à Souillac. Mais ce sont les moines bénédictins d’Aurillac qui remplacèrent cette communauté au début du X° siècle. De cette époque ne subsiste qu’une tour-porche.
L’abbatiale, initialement dédiée à Notre-Dame de l’Assomption, fut appelée ensuite Sainte-Marie. Elle a été consacrée en 1140 et devient une abbaye à part entière en 1508.
A la fin du XVII° siècle, la congrégation de Saint Maur a fait reconstruire l’abbaye qui n'avait pas échappé aux destructions causées lors de la guerre de Cent ans et celles des guerres de
Religion. Elle devint à la Révolution bien national. La réhabilitation de l'édifice a commencé au milieu du XIX° siècle.
L'église romane constitue la seule partie conservée du prieuré médiéval.
Arrivé à l'église par le porche du XVII° siècle portant la devise mauriste PAX (Paix), on entre dans le narthex avec les fonts baptismaux datant de 1955 : à remarquer les belles ferronneries du XVIII° siècle, des traces de fresques du XII° siècle.
Une belle porte en noyer donne accès à la nef.
D'emblée, l'harmonie des proportions, la pureté des lignes, la sobriété du registre décoratif frappent le visiteur. L'ampleur du chœur aussi large que la nef, la clarté de l'édifice, surprennent
pour une église romane.
Le plan est en croix latine, avec une abside dotée de trois absidioles et, sur les deux bras du transept, une chapelle.
Sainte-Marie, consacrée en 1140, est l'aboutissement du savoir-faire des maîtres d’œuvre qui ont réalisé dans le Sud-Ouest de la France ces magnifiques églises à coupoles que sont la cathédrale
de Cahors (consacrée en 1119), Saint-Front de Périgueux et Solignac dans le Limousin.
La succession de coupoles - deux sur la nef, une plus vaste et ovoïde sur la croisée du transept - se termine par un cul de four sur l'abside.
Les fragments conservés de ce qui fut le portail primitif de Sainte-Marie
Tympan (XII°)
Réalisé, pour l'extérieur, vers 1130, il a été transféré à l'intérieur de l'église.
Saint Benoît à gauche, fondateur des Bénédictins et saint Pierre à droite, encadrent le « Miracle de Théophile ». Ce dernier, héros d'un des miracles de Notre Dame, est représenté en 3 scènes
successives :
- A gauche : licencié par son évêque, il s'adresse à Satan qui lui impose ses conditions.
- A droite : Théophile devient l'homme lige de Satan et retrouve son poste.
- Au-dessus : Théophile couché sur son lit invoque la Vierge qui lui rend le pacte arraché à Satan.
Trumeau ou "pilier de Souillac" (XII°)
Il se présente comme un entrelacs de personnages et d'animaux fantastiques divers :
a. A droite : le désordre engendré par le péché est représenté par des couples enlacés, luttant, violents.
b. Face à la nef : les conséquences du péché : désordre, haine symbolisés par des bêtes de proie qui malmènent hommes et animaux.
c. A gauche : la rédemption représentée par le sacrifice d'Abraham ; son fils Isaac, front courbé, mains jointes, s'abandonne au geste paternel, mais un ange retient le bras d'Abraham et pousse
un bélier de substitution (Agneau de Dieu).
Les deux personnages encadrant la porte d'entrée (XII°) : le patriarche Joseph selon les uns ou le prophète Osée selon les autres, et le prophète Isaïe, sont les chefs-d’œuvre de cet ensemble.
Tout particulièrement Isaïe, dont la fine silhouette dansante dans sa tunique, occupe le côté droit. Au VIII° siècle avant Jésus-Christ, il avait annoncé un heureux évènement. « Voici que la jeune femme est enceinte et enfantera un fils et elle lui donnera le nom d'Emmanuel (Dieu avec nous) ». Isaïe, un parchemin dans la main, dansant de joie, proclame la venue du sauveur. Pour les chrétiens, ce verset concerne Marie, mère de Jésus.
Le bas relief de gauche du portail avec son prophète, quelque peu rigide, confondu avec Joseph, jusqu'à ce qu'une meilleure lecture de l'inscription qui l'accompagne y ait fait découvrir "Hosias", c'est-à-dire Osée.
Coupoles
La maîtrise technique de la coupole sur pendentifs permet de passer du plan carré au plan circulaire en reportant les charges sur quatre piliers au point de retombée des voûtes. Des contreforts extérieurs viennent épauler ces piliers. Cette maîtrise permet également d'oser des ouvertures conséquentes et donc, d'apporter la lumière à l'édifice.
Chapiteaux et écoinçons
La décoration est essentiellement constituée par les chapiteaux couronnant les colonnes de l'abside et du transept ou de l'encadrement des fenêtres. Ils sont ornés de palmes et feuillages de type languedocien, d'oiseaux affrontés, de sujets symboliques ou historiés : chouette et colombes, guetteur, enfants flattant des fauves, délicate Annonciation.
Chevet
Polyptyque en bois du XVI° siècle présentant les 15 mystères du Rosaire
Il viendrait de la chapelle du Port (chapelle supprimée en 1812 lors de la construction du pont sur la Dordogne (route de Cahors)).
Les mystères du Rosaire
Les mystères Joyeux
I. L’Annonciation (l’esprit d’humilité)
II. La Visitation (la charité fraternelle)
III. La Nativité (l’esprit de pauvreté)
IV. La Présentation de Jésus au Temple et la
Purification (l’esprit de pureté et d’obéissance)
V. Le Recouvrement de Jésus au Temple (la recherche
de Dieu en toute chose)
Les mystères Douloureux
I. L’Agonie de Notre-Seigneur au jardin des Oliviers
(le regret de nos péchés)
II. La Flagellation (la mortification de nos sens)
III. Le Couronnement d’Épines (la mortification de
notre orgueil)
IV. Le Portement de Croix (la patience dans les
épreuves)
V. Le Crucifiement (un plus grand amour de Dieu et
des âmes)
Les mystères Glorieux
I. La Résurrection (la foi)
II. L’Ascension de Notre-Seigneur (le désir du Ciel)
III. La Pentecôte (le zèle apostolique, le combat pour
la Foi)
IV. L’Assomption de la Très Sainte Vierge (la grâce d’une bonne mort)
V. Le Couronnement de la Sainte Vierge au Ciel (un
plus grand amour et une plus grande dévotion
envers la sainte Vierge)
Sources
Textes :
Abbaye Sainte-Marie de Souillac, fr.wikipedia.org
Dictionnaire des églises de France (Guyenne) Tome III-B 141-143, Ed. Robert Laffont, 1967
Histoire et récitation du Saint Rosaire, laportelatine.org
Souillac, abbatiale Sainte-Marie, fleuron roman du Haut-Quercy, jalladeauj.fr
Texte/Plan :
Documentation locale
Photos numériques : 2022