Le théâtre de Guelma, l'antique Calama, a été reconstitué sur son lieu d’origine entre 1902 et 1918 sous la responsabilité de Charles Albert Joly. Il abrite un musée romain.
Le théâtre de Guelma (par Stéphane Gsell -1901-) :
On voit à Guelma les ruines d'un théâtre, plus petit que celui de Philippeville - il n'a que 58,05 mètres de largeur - et plus mal conservé. Il a servi de carrière à diverses reprises. Tourné vers le Nord, il occupe une pente qui a été creusée pour le recevoir. La construction est en blocage, avec des revêtements en pierres de petit appareil ; on n'a employé qu'une quantité assez minime de grosses pierres de taille placées aux angles, aux portes ou formant des chaînes dans les murs.
Les gradins sont presque tous absents ; mais on distingue encore de petits escaliers ménagés dans la murette, haute de 1,10 mètre, qui surmontait le palier circulaire établi entre la zone inférieure et la zone supérieure. Deux passages latéraux voûtés conduisaient à ce palier ; ils se prolongeaient sans doute par des escaliers, descendant jusqu'à l'orchestre, qui, selon l'indication de Ravoisié, était pavé de marbre.
En haut, plusieurs portes, probablement quatre, étaient percées dans le mur de clôture. Au sommet de la courbe formée par ce mur s'élevait une salle dont il ne reste plus que le soubassement. Elle était dallée en marbre et se terminait par une abside. Peut-être abritait-elle la statue d'une divinité ou d'un empereur.
Il ne semble pas que le pourtour du mur ait été précédé à l'intérieur d'une colonnade formant un portique, comme l'a cru Ravoisié. Cet architecte a retrouvé une partie de la murette, aujourd’hui détruite, qui bordait la scène ; elle était décorée de niches, alternativement rectangulaires et arrondies.
L'estrade, large de 37 mètres, profonde de 7,13 mètres, était dominée par une paroi qui offrait trois renfoncements, celui du milieu de forme carrée, les deux autres semi-circulaires. Contrairement à l'usage, ils n'étaient pas percés de baies. Derrière la scène régnait un portique à colonnes, formant façade. Cette scène était flanquée de deux salles rectangulaires, ornées l'une et l'autre d'une niche pour une statue.
Deux inscriptions nous apprennent que le théâtre de Calama fut élevé grâce à la libéralité d'une femme, Annia Aelia Restituta, qui donna pour cette œuvre la somme de 400 000 sesterces.
En signe de reconnaissance, le conseil municipal lui fit ériger cinq statues. Cette dame romaine est qualifiée de prêtresse des deux Augustes, « flamimica Augustorum » : il s'agit soit de Marc-Aurèle et de Lucius Verus, soit plutôt de Septime Sévère et de Caracalla. L'édifice date donc de la deuxième moitié du II° siècle ou des premières années du III°.
Le Musée :
Le musée renferme d’importantes collections de statues impériales et divines, des objets en bronze, des monnaies, des poteries et lampes romaines, provenant de Guelma, Announa, Khemissa et Madaure.
On remarque notamment : une statue de Mercure (Madaure) quasiment intacte ; un petit buste de Jupiter en marbre de Carrare et un autre buste monumental du même provenant de Khemissa ; une statue d’Hermès avec un monogramme du Christ sur la poitrine ajouté à l’époque byzantine ; une statue d’écolier de Madaure dite « Saint Augustin enfant » ; une très belle mosaïque du Triomphe d’Amphitrite (Khemissa) où la déesse apparaît portée sur une conque par deux génies marins et entourée de divers poissons de la Méditerranée et de personnages lançant des filets.
Sources
Textes :
"Algérie", Les Guides bleus, Hachette, 1977
Textes/Plan :
Stéphane Gsell, Les monuments antiques de l’Algérie, Tome I, Albert Fontemoing - Editeur, 1901
Photos : 1978 - 1981