A 250 mètres d'altitude, Thuburnica est située dans une olivaie à quelques kilomètres au Nord-Ouest de Chemtou (Simitthu), dans la vallée fertile de l'oued Medjerda, entre les montagnes de la Khroumirie au Nord et les plateaux du Haut Tell au Sud. L'actuel bourg tunisien de Sidi Ali-Bel-Kassem (anciennement Thuburnica) est proche de la frontière algérienne.
Située sur l'ancienne route romaine reliant Carthage à Hippone (aujourd'hui
Annaba), cette cité a un riche passé comme en témoignent les inscriptions libyques, numides, puniques et grecques sans compter les inscriptions latines retrouvées par les
archéologues ayant œuvré sur le site. En outre y fut découvert un temple de Baal Hammon vraisemblablement détruit lors du triomphe du christianisme dans la région.
Le site compte sept monuments historiques et archéologiques classés par l'Institut national du patrimoine dont un pont romain en bon état de conservation et encore emprunté par la circulation automobile. À part ce pont, les autres éléments du site sont en zone militaire et donc interdits à la visite et à la photographie.
Thuburnica est une ville ancienne qui a connu un mélange de populations particulièrement important, et ceci probablement dès la période numide. Marius, César et Auguste y ont
installé des vétérans, et la ville elle-même a été promue au rang de colonie.
L'arc de Triomphe possède une seule baie en grès jaune dont les pieds-droits sont, sur une face, creusés de niches cintrées.
Son ornementation n'a rien de classique : sur la face Sud-Est, la clef de voûte est occupée par un buste dessiné de face, coiffé d'un modius (symbole d'abondance et de fécondité) et accosté d'une corne d'abondance ; d'autres claveaux portent des poissons au dessin varié. Du côté Nord-Ouest, le motif de la clef est un dauphin. Sur la douelle (parement intérieur de l'arc), enfin, est dessinée une étoile entourée d'une couronne, elle-même encadrée par deux poissons.
Le mausolée anonyme a l'aspect d'une tour de grès rougeâtre à deux niveaux.
L'étage inférieur repose sur un petit socle mouluré supporté par deux assises ; il comporte aux quatre angles des pilastres cannelés faits d'éléments dépareillés. Sur la face tournée à l'Est, est figurée une fausse porte, tandis que le véritable accès à la chambre funéraire aménagée à l'intérieur se faisait par l'Ouest.
Dans l'angle Sud-Est, au-dessus du pilastre, est dessinée en grossier relief une curieuse figure à mi-chemin entre un chapiteau éolique* angulaire et une tête de bélier. Au même niveau, sur chaque côté de l'angle Nord-Est et sur la face Ouest de l'angle Nord-Ouest, sont ébauchées des têtes de Dieux Vents. L'ensemble se termine par une corniche décorée qui sert de transition avec l'étage suivant.
Au contraire du précédent, ce dernier présente une unité certaine. Sans aucun ornement, il s'ouvre simplement vers le Sud par une grande baie cintrée, couronnée seulement par une corniche à
moulures lisses.
Au-delà, toute trace de la façon dont se terminait le monument a disparu. Il faut sans doute supposer une pyramide, comme au mausolée-lanterne de Mactar et bon nombre d'édifices de ce type.
La chambre funéraire est située à l'étage inférieur. On y accède par une porte haute de 1,48 mètre et large de 0,92 mètre au niveau du parement extérieur, tandis qu'à l'intérieur, elle atteint 1,03 mètre. Les blocs de l'enveloppe interne sont donc légèrement en retrait.
L'espace intérieur mesure 1,90 mètre sur 2,43 mètres. Dans les parois sont percées sept hautes niches - deux par face, sauf du côté occidental, celui de l'entrée. Elles ne sont pas disposées avec
symétrie. Par ailleurs, elles sont hautes de 72 à 75 centimètres pour une largeur de 34 à 38 centimètres et une profondeur de 29 à 41 centimètres. Elles sont donc très différentes des petits
columbaria que l'on rencontre dans maint mausolée d'époque impériale, mais rappellent par contre celles du caveau augustéen ou tibérien à Assuras.
* L'Éolide (ou Éolie) est le nom donné dans l'Antiquité à la côte Nord-Ouest de l'Asie mineure, entre la Troade et le fleuve Hermos sur le golfe de Smyrne. Le centre de la civilisation
éolienne est l'île de Lesbos.
Sources
Textes :
Ferchiou Naïdé, Le mausolée anonyme de Thuburnica, Mélanges de l'Ecole française de Rome, Antiquité,
tome 98, n°2, 1986
Thuburnica, wikipedia.org
Photos : 1983