SAQQARA
Le mastaba de Mererouka est situé dans le secteur Nord-Est de l'immense nécropole de Saqqara, en bordure du plateau rocheux. Le monument se trouve juste au Nord
de la pyramide de Teti, premier roi de la VI° dynastie.
C'est une période de déclin de la monarchie, comme en témoignent la taille relativement modeste et la qualité de construction amoindrie des pyramides des souverains de l'époque. Elles contrastent
en cela avec la taille et la qualité des tombes de certains hauts dignitaires, dont la richesse et la puissance vont progressivement mettre à bas la royauté, qui s'effondrera à la fin de la
dynastie.
Les deux monuments les plus imposants dans ce contexte sont les mastabas des vizirs Mererouka et celui de son prédécesseur dans sa charge, Kagemni.
Mérérouka est l'un des vizirs du pharaon Teti (VI° dynastie, 2321-2291). Il épouse une des filles du roi, Seshséchet II avec laquelle il a un fils nommé Méri-Téti. Il se fait bâtir au Nord de la pyramide de son maître et beau-père un mastaba qui comporte parmi les plus beaux reliefs peints de l'Ancien Empire.
Saqqara : Mastaba de Mererouka
Le mastaba de Mererouka est le plus complexe. Il regroupe en fait les appartements funéraires de trois personnes : Mererouka (les pièces qui lui sont dévolues seront libellées "A"), une de ses épouses, Watekhethor (pièces "B"), et son fils Meryteti, pour qui le mastaba sera agrandi (pièces "C"). On accède aux pièces B et C par l'intérieur, à partir des pièces A (voir plan).
Mererouka, (plus précisément ""Mererouka, de son beau nom Meri")" le "beau nom" est celui que Mererouka s'est choisi lui-même.
Comme tous les hauts dignitaires, il portait des dizaines de titres, certains correspondant à une fonction réelle, d'autres purement honorifiques. On ne peut pas discerner clairement lesquels lui
ont été attribués lors de sa nomination au vizirat. Dans toute cette liste hétéroclite, on note surtout que Mererouka succède à Kagemni comme ""Vizir du roi (Teti) de Haute et de Basse Égypte"", une position qui fait de lui le second personnage de l'État, avec les fonctions
d'un premier ministre et d'un ministre de la justice.
Depuis son apparition aux premiers temps de la civilisation pharaonique, la superstructure funéraire connue sous le nom de mastaba (dérivé de l'Arabe "banc plat") est caractéristique de l'Ancien Empire (bien qu'on en trouve plus tard), et présente un aspect extérieur quasiment immuable, rappelant une pyramide (très) tronquée. Le corps de l'édifice est construit à partir de morceaux de pierre, d'argile, et cloisonné par des briques crues. Dans le meilleur des cas, il est rehaussé par un parement de plaques de calcaire.
Ainsi est évoqué symboliquement le tertre primordial, la butte initiale qui a jailli du Noun, l'océan des abîmes, au premier jour du monde. Pour le défunt, c'était le lieu magique ou
s'établissait la communication entre les mondes, là où les cultes devaient être rendus et les offrandes présentées, afin que la partie immatérielle de l'individu puisse venir en profiter ; ainsi
serait entretenu son Ka, son énergie vitale, pour l'Éternité (théoriquement…).
Le mastaba de Mererouka mesure 23 mètres d'Est en Ouest et 30 mètres du Nord au Sud, distance qui doit être étendue à 41 mètres si on inclut la portion C de Meryteti ; sa hauteur est de 4,5 mètres.
A l'extérieur, un mur bas délimitait l'enceinte d'un temenos. Ce mur était orné d'images répétitives du nom et des titres du propriétaire.
Les murs du mastaba sont décorés sur leurs faces externe et interne par un pavement de blocs de calcaire fin. Le corps du monument est constitué par un remplissage plus grossier fait d'éclats de
pierre, de sable et de débris divers, cloisonné par des briques crues.
De nombreuses parois (mais pas toutes) ont reçu un décor très soigné, combinant reliefs et peintures. Hélas, toute la partie supérieure des décors s'est perdue lorsque les assises de pierre ont
été démantelées pour être remployées ailleurs. Seule une zone sur le mur Sud de A8 et deux du mur Sud également de A10, peuvent aujourd'hui nous en donner une idée. On s'aperçoit ainsi, par
exemple, qu'une frise de Khakhérous courait à l'extrémité supérieure des murs (dessin).
La tombe était certainement couverte, et aérée par des fentes horizontales ménagées à la partie supérieure des murs, presque au contact des dalles de plafond. Ainsi, un peu de lumière pénétrait
dans le monument, juste assez pour créer une semi-obscurité solennelle, dans laquelle les reliefs devaient paraître encore plus impressionnants.
Remarquons une particularité intéressante : le monument fait face au Sud, et non à l'Est comme il est habituel. Il apparaît clairement que la chambre A10, tournée vers l'Est, constituait, à
l'origine, le portique à piliers d'entrée dans la tombe. Son mur Est est en effet constitué par un remplissage réalisé entre quatre colonnes, lesquelles faisaient pendant aux quatre autres
situées au milieu de la pièce. La seule explication possible est l'existence d'un arrangement entre Mererouka et son prédécesseur Kagemni, sans qu'on n'en connaisse la vraie raison.
Le mastaba de Mererouka est le plus grand d'Égypte, si l'on se réfère au nombre de pièces qui le composent : 31, en incluant les passages larges, mais en excluant les petites
sections, pourtant décorées, qui séparent les pièces.
Sur ces pièces, 21 appartiennent à Mererouka proprement dit (pièces "A"), 5 à son épouse Watekhethor (pièces "B") et 5 à son fils Meryteti (pièces "C").
Et il s'agit là des pièces de surface, auxquelles il faut rajouter les appartements funéraires souterrains auxquels on accède par trois puits : celui de Mererouka part de la
pièce A11, tandis que ceux de la femme et du fils partent du toit du mastaba et s'enfoncent dans la superstructure, puis dans le sol.
Sur les 21 pièces de Mererouka, 10 furent décorées complètement, du sol au plafond. La partie haute du décor a disparu presque partout, mais ce qui persiste est de qualité, et dans l'ensemble, bien préservé.
Sources
Texte :
Mererouka, fr.wikipedia.org
Texte et Plan :
Le mastaba de Mererouka, osirinet.net
Plan :
Nécropole de Saqqara, nefernathy.e-monsite.com (complété de l'indication "Sérapéum <<<")
Photos : 1981
Photos (Jacques et Simon VONBANK) : 1973