Sommières est une commune du Sud de la France, située dans le département du Gard, en région Occitanie.

 

La colline qui domine Sommières et où s'est établi depuis le Moyen Age le village de Villevieille, avait livré de nombreux et riches vestiges d'une occupation gallo-romaine : statues, cippes à inscriptions latines et mosaïques. D'autre part, le nom antique de Sommières, Sumidrium ou Sumerium, se laissait décomposer en Sub-Midrium : ce qui s'étend sous Midrium ; ce dernier toponyme a été appliqué en toute logique à la colline de Villevieille où l'on a recherché une ville ancienne. L'agglomération gallo-romaine qui a ainsi retenu l'attention devait son importance à la voie romaine de Nîmes à Lodève (Via Luteva), qui franchissait là le Vidourle sur un pont à dix-sept arches, encore partiellement visible et utilisé.

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Le pont "Tibère", ou pont romain de Sommières, est un pont romain dont la construction est traditionnellement attribuée à l'empereur Tibère, au cours du Ier siècle de notre ère.


Au premier siècle avant J.-C., les tribus gauloises grimpent sur les collines pour voir venir l'ennemi et se protéger. Ainsi est né et a été construit l'oppidum de Meyre (Midrium).


Mais tout commence avec la construction du fameux pont Romain qui enjambe le fleuve «Vidourle». Il daterait, suivant des études récentes, de l'époque Augustéenne, charnière entre le Ier siècle avant J.-C. et le Ier siècle après J.-C.. Il est superbe avec ses 189 mètres de long et ses 21 arches, toutes à plein-cintre, et deux tours de garde à ses extrémités.


Pont "Tibère" (vu depuis la rive gauche - côté ville moyenâgeuse -, face amont)

 

Par ses dimensions, le pont romain de Sommières constitue le plus grand pont antique actuellement conservé en Gaule. Deux chars pouvaient se croiser sur son tablier. Celui-ci, soutenu par 15 arches d'un diamètre à l'origine identique (9,10 mètres), mesure 185 mètres de long.

 

Le relevé scanner 3D du pont de Sommières, réalisé en 2010, a permis d'établir l'emprise de l'ouvrage romain sur une longueur totale de 230 mètres, rampes d'accès comprises, et sur une largeur de 6,60 mètres. Si 5 arches ont été recensées au niveau de la culée orientale, le nombre d'ouvertures s'avère être incertain pour la culée opposée ; une arche d'un diamètre de 6 mètres environ a été relevée, deux ouvertures supplémentaires sont supposées au regard de la topographie actuelle. Au total, le pont romain de Sommières comprend 21 arches identifiées, plus deux arches supposées, méritant d'être retrouvées pour confirmer l'hypothèse d'un ouvrage d'art de 23 arches.

 

A titre de comparaison, voici les dimensions des ponts en pierre romains les plus importants actuellement conservés :

— le pont de Cordoue, en Espagne, édifié par l'empereur Auguste (27 avant J.-C. - 14 après J.-C.) : 240 mètres de long, avec 16 arches

— le pont d'Alcantara, en Espagne, édifié en 106 par l'Empereur Trajan : 188 mètres de long, avec 6 arches

— le Ponte di Nona, en Italie, construit vers 100 avant J.-C., situé sur la Via Praenestina en provenance de Rome : 125 mètres, avec 7 arcades

— le pont d'Adana, en Turquie, édifié entre les règnes des empereurs Hadrien et Justinien (117-565) : 310 mètres, avec 21 arches

le pont d'Ambrussum, dans l'Hérault, aujourd'hui en état de ruine, édifié au début du Ier siècle après J.-C., franchissant également le Vidourle : 180 mètres de long, avec 11 arches

le Pont du Gard, pont-aqueduc de trois étages, édifié au cours du Ier siècle après J.-C. : 142 mètres, avec 6 arches pour le niveau inférieur, avec, au dernier étage, un canal de 275 mètres avec 35 petites arches

— le Ponte degli Aurunci, en Italie, édifié par Hadrien (117-138), viaduc en briques de Sessa Aurunca : 170 mètres de long, avec 21 arcades.


Pont "Tibère" (vu depuis la rive gauche - côté ville moyenâgeuse -, face aval)

 


Le pont de Sommières a été daté par les auteurs du XIX° siècle de la période augustéenne (3 avant J.-C.), ou du règne de Tibère (32 après J.-C.), en référence au Pont du Gard. Cependant, comme le soulignent V. Mathieu et M. Monteil (2008), "aucun argument direct ne permet en réalité de dater la construction de ce monument. La technique de construction des voûtes avec arcs juxtaposés se retrouve ainsi à Nîmes (Porte d'Auguste, Temple de Diane, Amphithéâtre), tandis que le pont dans son ensemble présente d'évidentes analogies avec ceux d'Ambrussum et de Boisseron. Pour celui d'Ambrussum, on a noté récemment qu'il pouvait avoir été conçu dans le temps de l'opération de lotissement qui donne naissance à la station routière du quartier bas, et qui débute dès 30 avant J-C., tout en relevant que les bornes milliaires les plus anciennes sur cette partie de la Via Domitia datent de 3 avant J-C. seulement. Les analogies entre les différents ponts évoqués, qui appartiennent tous à la cité de Nîmes, ne sont sans doute pas fortuites et laissent supposer un projet d'équipement routier global, dont la mise en œuvre ne peut émaner que d'une décision émanant d'un chef-lieu, avec l'aide, l'accord, voire la décision, du pouvoir impérial. Sur ce plan, il semble bien que la période augustéenne, qui marque le développement de la parure monumentale de Nîmes, la mise en place de la station routière d'Ambrussum, ou encore le renforcement du tissu urbain de l'agglomération antique de Villevieille, puisse être l'une des plus favorables ...”.

 

Aujourd'hui, le pont de Sommières est constitué d'une série de sept arches et de six ouïes intermédiaires, facilitant l'écoulement des eaux torrentielles du Vidourle. Point de passage incontournable, avant l'aménagement d'une rocade et la construction d'un nouveau pont en 2000, le pont romain est régulièrement emprunté, chaque jour, par des centaines de véhicules et de piétons ignorants, pour la plupart, son origine et son intérêt patrimonial. Le développement de la ville sur les berges et dans le lit majeur du Vidourle, au cours du Moyen Age, a considérablement réduit l'image et la perception générale du pont antique. Les multiples campagnes de consolidation de l'ouvrage ont modifié sa mise en œuvre et rendu l'identification du bâti antique parfois difficile. Pourtant, en fondation, dans les caves des habitations de la rue Marx Dormoy et du faubourg du pont, sous le passage couvert de la place du marché, l'architecture du pont romain apparaît, bel et bien, encore présente.


Sommières (Sub-Midrium) : Restitution du pont romain dont les onze premières arches, côté rive gauche, ont toutes été englobées dans l'habitat qui s'est développé de part et d'autre du pont au cours du XV° siècle
Sommières (Sub-Midrium) : Restitution du pont romain dont les onze premières arches, côté rive gauche, ont toutes été englobées dans l'habitat qui s'est développé de part et d'autre du pont au cours du XV° siècle

Depuis 2 000 ans, le pont romain de Sommières a constamment été emprunté pour relier les deux rives ou les quartiers de la ville. Ouvrage majeur de la Gaule romaine avec une longueur de 230 mètres, rampes d'accès comprises, et un total de 21 arches identifiées plus deux arches supposées, ce monument s'avère être aujourd'hui exceptionnel. Intégré de moitié lors du développement de la ville au Moyen Age, le pont a été envahi par les habitations venues s'adosser sur 11 arches. La tour fortifiée de l'Horloge, plus ou moins édifiée au centre du pont antique, domine toujours l'artère principale de la ville, la rue Marx Dormoy, et les 8 arches actuellement visibles permettant d'accéder au quartier du faubourg du pont, côté rive droite.


Malgré les travaux de restauration et les réaménagements successifs du bâti, l'ouvrage antique reste présent et occupe une place majeure dans l'histoire urbaine de la ville.


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 Sources

Textes :

L'oppidum pré-romain de Villevieille (Gard), Michel Py, Revue archéologique de Narbonnaise, tome 4, 1971

Sommières - Voyage dans son passé, Marc Bros, 2013

 

Dessin "Restitution"/Textes :

Le Pont de Sommières - redécouverte d'un pont antique habité, Sophie Aspord-Mercier - Laurent Boissier,

                                                                                                                                                                                       Editions errance, 2011

 

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