Les ruines du temple d’Apollon sont l’un des premiers points de repère que l’on rencontre en entrant dans Ortigia, la partie la plus ancienne de la ville de Syracuse. Il s’agit d’un monument très important car il marque un changement dans la manière de construire les temples en Sicile, en passant du bois à la pierre.

 

Construit au début du VI° siècle, le temple d’Apollon est le plus ancien monument dorique de Sicile. Au fil des siècles, l’édifice a subi plusieurs modifications. Il a d’abord été converti en église paléochrétienne, puis en mosquée arabe et enfin, en basilique normande. En 1537, Charles Quint décida d’utiliser l’édifice comme carrière, dans le cadre d’un projet plus vaste de nouvelles fortifications en Sicile. Le souverain ordonna que les différents blocs de pierre du temple soient utilisés pour la construction des nouveaux murs d’Ortigia.

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En 1562, le temple d’Apollon a été intégré à une caserne espagnole, ainsi que plusieurs autres bâtiments, dont l’église de la Madone des Grâces (Chiesa della Madonna delle Grazie) en 1664. Au début du XX° siècle, les maisons entourant les vestiges du temple ont été déblayées afin de permettre une meilleure visibilité des vestiges, tels qu’on les voit aujourd’hui.

Syracuse - Temple d'Artémis/d'Apollon (Ortygie) : Plan
Syracuse - Temple d'Artémis/d'Apollon (Ortygie) : Plan

 

 

 

Le temple d'Apollon est un temple dorique périptère hexastyle, en grès, présentant un plan allongé (caractéristique commune à tous les temples de Sicile) de 58 × 24 mètres, à 6 colonnes sur 17. Ces colonnes sont monolithes, de 8 mètres de hauteur et 2 mètres de diamètre,  et  supportent  un  entablement  très  haut (2,15 mètres) qui était complété par des éléments en bois, comme souvent dans les temples archaïques. Des figures et éléments de terre cuite décoraient l'ensemble : Gorgones, sphinx et acrotères, à l'exception de l'acrotère central, en pierre.

Une seconde rangée de colonnes, allongeant encore le plan et distinguant bien l'entrée, donnait accès à un pronaos à deux colonnes in antis, puis à une cella et un adyton. Nulle place pour un opisthodome dans une telle configuration.

Sur les côtés Sud et Est sont conservés des murets qui marquaient les limites du téménos.

 

Bel exemple de l'architecture dorique, le temple d'Apollon se caractérise par ses colonnes massives et ses frontons imposants. Encerclé par des colonnes sur tous les côtés, il était décoré de sculptures, de fresques et de peintures murales qui donnaient un aperçu de l'art et de la culture de l'époque.


En plus d'être un joyau monumental, le temple était également un lieu de culte religieux, abritant une salle pour les cultes et un autel pour les sacrifices.

 

La conception architecturale du temple d’Apollon est considérée comme pionnière pour l’époque. Elle marque le passage définitif d’un style de construction basé sur des structures en bois à un style utilisant la pierre. Un grès local d’un jaune profond, appelé “pietra giurgiulena”, a été utilisé pour la construction. Bien que, à ce jour, le temple d'Apollon ne soit que partiellement préservé, son caractère monumental est encore appréciable grâce aux épaisses colonnes placées très près les unes des autres, tout comme son plan déjà très sicilien, avec un adyton, un saint des saints intérieur, abritant la statue d'Apollon à l'arrière du sanctuaire intérieur.

 

Une inscription sur l’une des marches du soubassement oriental a permis d’attribuer le temple au culte d’Apollon. La gravure peut se lire comme suit : “Kleomede a fait pour Apollon (le temple), le fils de Knidieidas, et a élevé les colonnades, de beaux ouvrages” ; généralement, on pense que le premier cité était l'architecte, le second, le créateur des colonnes. Néanmoins, cette inscription reste difficilement lisible, certaines lettres étant partiellement ou totalement effacées. Sa traduction prête à confusion et les historiens ne sont pas d'accord quant à son interprétation.

 

La décoration originale en terre cuite polychrome, y compris des fragments de la sima, des acrotères et quelques tuiles, sont exposés au Museo archeologico regionale Paolo Orsi de Syracuse.

Sources

 

Textes :

Temple d’Apollon (Syracuse), theworldofsicily.com

Temple d'Apollon à Syracuse, clubmed.fr

Temples Grecs de Sicile, worldhistory.org

Temples grecs de Syracuse, fr.wikipedia.org

 

Plans :

Sicile , Guides-Voir, Hachette, 2003

Siracusa - Tempio di Apollo, Pianta e prospetto ricostruttivo, BERVÉ — GRUBEN, 1961

 

Photos numériques :  2023

Syracuse - Siracusa
Syracuse

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